
Photo prise le 12 juin 1933.
Port-en-Bessin et la Chapelle Saint-Siméon située sur la commune de Sainte-Honorine-des-Pertes.
Après un achat de photos stéréoscopiques sur Port, une photo de cette petite Chapelle m’a donnée envie d’un savoir un peu plus sur cet édifice religieux. Après des recherches sur internet, je l’ai localisée, ce qui m’a permis de faire des photos, de trouver son histoire, et son lien avec Port-en-Bessin.
Je ne vais pas faire l’historique de cette Chapelle Lieu de pèlerinage où l’on venait demander au Saint la guérison des fièvres paludéennes, des personnes l’ont très bien fait, vous trouverez sur internet facilement, je ne vais pas copier leur travail.
Je vous mets un lien : http://saints-en-calvados.eklablog.com/simeon-a125253632
Cette petite chapelle donnait lieu à de grandes processions en partance de Port-en-Bessin et d’autres paroisses environnantes.
Deux événements marquants avaient lieu, la Petite Saint-Siméon, l’après-midi de la fête de l’Ascension, les gens venaient en procession et la Grande Saint-Siméon, qui coïncidait avec le dimanche de la Trinité, il y avait messe à la chapelle et lecture d’évangile sur les fidèles venus, celle fois, individuellement.
J’ai trouvé dans LE PILOTE de Port-en-Bessin le récit de ces deux manifestations que je vous fais découvrir ci-dessous.

LE PILOTE de Port-en-Bessin
N°2 juillet 1908
La Fête de l’Ascension, paraît-il, a déçu nombre de nos matelots qui comptaient que leur nouveau curé (M. Alfred-Achille Bernard) allait, dès cette année, rétablir l’antique et traditionnelle procession à St-Siméon, à laquelle la population portaise semble vraiment profondément attachée. Nous avons promis d’y retourner l’année prochaine si notre fête du 5 juillet dernier était réussie. Comme tout s’est passé à souhait, nous tiendrons parole.
LE PILOTE de Port-en-Bessin
N°13 juin 1909
La procession de Saint-Siméon sera sans conteste le grand événement paroissial du mois de mai (jeudi 20). Les traditions sont vivaces en nos pays et une interruption de vingt ans n’avait pu faire oublier des Portais le pèlerinage d’origine plusieurs fois séculaire à la chapelle dédiée à l’autre bout de StHonorine, à l’évangélique vieillard, auteur inspiré du Nunc DimittiS, qui eut au jour de la Présentation l’honneur incomparable de recevoir en ses bras, des mains de la Vierge Mère, sur le seuil du Temple de Jérusalem, l’Enfant-Lumière des Nations et gloire d’Israël. Grande fut la joie quand M. le Curé annonça pour cette année le rétablissement de la procession si regrettée des anciens.
Après les vêpres et le salut, fixés à une heure et demie et terminés vers 2 h. 1/2, car une solennité comme l’Ascension ne saurait être tronquée, nous nous mettons en marche. Au temps jadis on descendait la bourgade et on gagnait Ste-Honorine-des-Pertes par la falaise, en longeant la mer, mais depuis lors des éboulements successifs ont rendu ce trajet impraticable aux cortèges. Chemin faisant, M. le curé Dajont-Lamare, dont la dévotion à Saint-Siméon est restée légendaire, adressait aux portes des auberges un fervorino aux buveurs attardés et les entraînait tous vers le pieux sanctuaire. Son actuel successeur n’a plus le même zèle. Nous nous engageons donc immédiatement dans la grande route et à la double file de six cents personnes qui, d’une voix joyeuse et sans désemparer d’un instant, chante des cantiques, les sept kilomètres du poussiéreux ruban qui se déroule sous nos pas paraîtront courte distance. Nos jeunes et vaillants chrétiens de la J. C. ont réclamé l’honneur de porter la croix processionnelle et la bannière paroissiale. Ce sont eux aussi, tels à Lourdes les Hospitaliers de N.-D.-du-Salut, qui assurent le bon ordre et soutiennent les chants. Précédés de la paroisse de Huppain qui a comme soudé son propre cortège au nôtre, nous faisons à quatre heures moins un quart notre entrée dans la propriété.
Etreham, Saint-Laurent et Mosles ont achevé leurs dévotions. Au son des tinterelles et des cantiques, bannières au vent et toilettes pimpantes, ils retournent chez eux. Nous les saluons au passage.
A la seconde barrière, halte obligatoire. Un vieil usage veut qu’en cet endroit un cadeau soit offert aux curés qui amènent leur paroisse pour la première fois. Les Huppinais qui forment notre avant-garde sont en train justement de payer leur tribut. Par dessus la rumeur confuse de la foule éparse aux alentours, nous percevons les éclats de la voix claironnante de leur cher pasteur Monsieur Stéphen, qui leur exprime son chaleureux merci. Nous cherchons à saisir, quand soudain, devant le curé de Port et son vicaire, apparaissent deux gros et superbes bouquets ; une adresse est lue, de tout point charmante, courte et sans banalité ; offrande est faite d’un pli contenant quarante-cinq francs : attention délicate et filiale de notre chère Jeunesse Catholique qui, se souvenant de l’antique tradition, a tenu d’elle-même et conjointement avec quelques généreux paroissiens, à la remettre en vigueur.
Sitôt revenu de sa douce surprise, M. le curé annonce que cette somme à lui si gracieusement offerte sera affectée comme première souscription à l’érection, dans notre église, d’une statue de Jeanne d’Arc car, dit-il, il semble que nous ayons nous aussi des titres particuliers à revendiquer comme nôtre la Sainte de la Patrie. Formigny est trop près pour que nos ancêtres n’y aient pas combattu et Formigny n’est-il pas comme l’épilogue de sa sublime épopée.
Tout le monde donne son assentiment, mais voilà M. le curé de Sainte-Honorine, l’ordinaire du lieu, qui se présente et nous annonce que la place est libre.
Nous avançons dans la seconde enceinte et, après en avoir fait le tour, nous entrons dans la petite chapelle à l’autel resplendissant de lumières et de fleurs, aux murs enguirlandés, à l’atmosphère d’étuve. Huppinais et Portais s’entassent, s’entassent à déborder sur le parvis. Tous ensemble nous chantons les Complies donnant au Nunc Dimittis le ton particulièrement solennel qui convient à la circonstance. Quand nous sortons, la paroisse de Colleville fait son entrée dans l’herbage. Devant elle marche toute une légion de sonneurs de tinterelles, une dizaine environ, qui font en son honneur un bruit assourdissant, ainsi le veut paraît-il, la politesse interparoissiale.
Maintenant assis sous les pommiers, groupés par familles ou entre amis, nous mangeons la falue apportée dans les paniers à bras et nous buvons en de moyenâgeux gobelets de terre cuite le cidre frais que débite dans de grossières poteries d’autrefois le fermier de l’endroit.
Nous jouissons d’un spectacle éminemment régionaliste. A part la jeunesse féminine de plus en plus Printemps et Bon Marché, tout ici est couleur locale et vieille Normandie, vêtement, allures et façons de procéder. C’est tout un aspect des mœurs religieuses du Bessin qui se révèle aux regards de l’observateur. Ces mœurs, de longs siècles d’une existence simple, toute nourrie de Foi et exclusivement cantonnée dans les limites restreintes du terroir natal, les ont lentement et si solidement élaborées, qu’elles semblent devoir pour longtemps encore, et en dépit de l’évolution sociale moderne, faire corps avec la nature même de la race.
Si trop généralement dans cette contrée on manque de l’énergie nécessaire à la pratique intégrale de la vie chrétienne, du moins est-on foncièrement amateur des pompes liturgiques et des manifestations extérieures et brillantes du culte. Nous constatons que les processions, c’est-à-dire la plus ostensible des manifestations de foi et la plus en désaccord avec les suggestions du respect humain, est encore malgré tout celle qui rallie chez nous le plus de suffrages, même chez les moins pratiquants. Nous voyons même que Saint-Siméon compte des dévots, jusque chez les élus les plus en vue et les moins suspects de l’époque actuelle…
Cinq heures un quart, nouveau rassemblement à la chapelle qui n’a pas désempli un seul instant. C’est un défilé ininterrompu de personnes, qui viennent à la grille de Communion se faire réciter un Evangile et baiser l’étole de M. le curé de Sainte-Honorine. Nous chantons en parties les Litanies de la Sainte-Vierge, nos matelots y ajoutent leur cantique et nous reprenons avec le même ordre et le même entrain qu’à l’aller, le chemin du retour. Il est sept heures, quand au bruit harmonieux et triomphal de nos trois cloches nous accostons à l’Eglise paroissiale sans que la moindre note discordante ou malédifiante ne soie venue troubler cette belle et mémorable après-midi.

LE PILOTE de Port-en-Bessin
N° 14 Juillet 1909
La Grande Saint Siméon, le dimanche (6 juin) de la Trinité, s’est passée sous les averses. En ce jour traditionnel des collations champêtres, nombre de nos familles installées sur l’herbe ont du replier à la hâte leur campement improvisé pour courir au premier abri. Sur le terrain de l’assemblée, les amateurs de distractions foraines piétinent dans la rosée et la boue ; les tentes où l’on boit le gros cidre sont au complet. Là-bas tout au fond, au centre de la zone calme, dans la petite chapelle Saint-Siméon où M. le curé de Sainte-Honorine le matin a célébré la messe, c’est un perpétuel va et vient de visiteurs et de bébés que l’on apporte à l’autel pour leur « faire dire un Evangile » : pieuse coutume héritée des vieux âges de foi. Bienheureux, dit le prêtre en posant le pan de son étole sur la tête de l’enfant, ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent.
Plus loin encore, dans l’escarpement de la falaise, un couple à la mine florissante, enveloppé d’amples tabliers blancs, monte la garde devant une source qui passe dans le pays pour avoir je ne sais trop quelle vertu ; sur une bancelle à portée de leurs mains est disposé tout un arsenal de brocs et de verres ; moyennant deux sous vous buvez l’eau de Jouvence. Sur la grande route, bérets fleuris de lilas et tricots enrubannés, nos matelots rient et chantent, les moussaillons bras dessus, bras dessous, enchaînés par douzaines. Tel est le spectacle peu banal fourni chaque année par cette vieille assemblée champêtre, où tout comme ce qui nous vient des aïeux, le religieux est mêlé au profane et la prière voisine avec le rire.


Procession de Port-en-Bessin dans dans le village de Sainte-Honorine- des-Pertes.
Route de Colleville D514. Les deux maisons à gauche de la photo n’existe plus.
Photos prises surement dans les années 1930.

Entrée du cortège sur le terrain de la Chapelle. Je ne connais pas la bannière au premier plan peut être celle de Huppain? si vous savez je prends l’info.

Les fidèles de Port-en-Bessin arrivent à la chapelle.

Poignée de main entre je pense le curé de Port à droite , Chanoine Bernard, et peut être le curé de Sainte-Honorine à gauche?
Si vous pouvez me confirmer et me donner son nom je vous en remercie d’avance.

Enfants de cœur accompagnant le cortège de Port-en-Bessin.

Repos des pèlerins dans le premier champs, La petite maison à gauche m’existe plus en arrière plan la ferme Saint-Siméon sur la route de Colleville-sur -Mer.

Repas des enfants avec le curé, il faut reprendre des forces pour le retour.

Partiellement détruite lors des bombardements en juin 1944, elle a encore fier allure malgré ses blessures .


Le lieu est magnifique , elle semble perdue, désespérée , nous demande de venir la sauver de la ruine complète, il n’est peut être pas trop tard!